Date :
Époque pharaonique, Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.)
Lieu de découverte :
Haute Egypte, Giza, Saqqara
Matière(s) :
Matière fabriquée, faïence
Salle :
La vie dans l'au-delà, vitrine 5
Description
L’amulette représente la déesse Bastet sous forme de chatte assise dans une attitude hiératique, appuyée sur ses pattes postérieures avec les oreilles dressées. Elle est dotée d’un anneau, fixé sur la nuque de la chatte, permettant de l’attacher à la momie ou de la porter autour du cou. Déesse de la fertilité, la musique et la danse, Bastet était considérée par les Egyptiens comme la protectrice des femmes enceintes, des accouchements et des nouveau-nés.
La déesse Bastet
Bastet est la déesse éponyme de l’ancienne ville égyptienne Bast (ou Bubastis en grec), devenue aujourd’hui Tell Basta, située à proximité de Zagazig à Charkieh, où grand nombre de ses statuettes ont été découvertes. Lieu de culte de la déesse, la ville de Bast se trouve à l’est du delta du Nil, d’où l’appellation divinité de l’Est. Son culte s’est ensuite propagé à d’autres régions, dont Memphis (située actuellement près de Mit-Rahineh, à 20 km au sud du Caire), où Bastet était désignée sous le nom de Sekhmet. Elle a également été identifiée à plusieurs divinités, telles que Hathor pendant l’Ancien Empire (2686-2160 av. J.-C.) et Mout pendant le Moyen Empire (2055-1650 av. J.-C.). Vers la fin du Nouvel Empire, Bastet jouissait d’une grande popularité auprès des Egyptiens qui l’appelaient déesse de la fécondité et de la joie, et qui la considéraient comme la protectrice du peuple et du foyer. Associée à la joie et la danse, elle avait pour attribut le sistre, comme instrument de musique.
Bastet est, dans la mythologie égyptienne, la fille de Rê, dieu solaire ; l’épouse de Ptah, dieu créateur et démiurge de Memphis, ainsi que la mère de Miysis, l’un des dieux égyptiens de la guerre.
Bastet sous l’aspect d’une chatte et d’une lionne
Bastet est représentée sous l’aspect d’une femme à tête de lionne, appelée alors Sekhmet ; cet aspect reflète son caractère violent et féroce. De même, elle est représentée sous l’aspect d’une chatte, ou d’une femme à tête de chatte, reflétant ainsi son côté paisible et doux. L’association de la forme de chatte au caractère doux de Bastet remonte à une période relativement tardive de l’histoire égyptienne, à savoir : les débuts de la troisième période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.). Il est parfois difficile de distinguer l’aspect léonin de celui félin de Bastet dans les œuvres d’art. Cette transformation de lionne féroce en chatte douce est due, selon d’aucuns, à certains changements écologiques et sociaux, dont la migration progressive des lions du nord au sud et, ensuite, leur déplacement au-delà des frontières égyptiennes, outre la croissance constante de la population féline et de sa popularité en Egypte. Cependant, l’idée que la religion et la mythologie égyptiennes tiennent compte des changements écologiques demeure une hypothèse contestable. En plus, la déesse a repris son aspect de lionne au cours de la basse époque (664-332 av. J.-C.), ce qui prouve que Bastet a continué à incarner, à la fois, douceur et férocité.
Amulettes de la déesse Bastet
Les plus anciennes amulettes de Bastet ont été découvertes dans certaines sépultures datant de l’Ancien Empire. Les femmes en particulier les portaient pour se placer sous la protection de la déesse et, probablement, pour favoriser leur fertilité. D’après plusieurs égyptologues, les chattes présentent une connotation sexuelle vue leur représentation fréquente auprès des femmes. Entourées souvent de leurs chatons, elles sont également considérées comme symbole de fertilité.
Fête de la déesse Bastet
Hérodote raconte que les Egyptiens, hommes et femmes, naviguaient sur le Nil en direction de la ville de Bubastis ; les femmes faisaient de la musique avec des sistres (l’un des instruments musicaux de l’époque) et certains hommes jouaient de la flûte, alors que d’autres chantaient, dansaient et tambourinaient le long du voyage. Selon lui, la fête commençait par la présentation des offrandes et la consommation du vin y excédait celle de toute l’année. Il explique également que le temple majestueux de Bastet était situé au centre de la ville et donc visible de tous les côtés.
Chats domestiques
Le chat domestique compte parmi les espèces les plus étudiées dans les représentations artistiques égyptiennes. Bien que non confirmés, certains indices indiquent qu’il est originaire d’Egypte. Il est issu du chat sauvage, connu également sous le nom de chat d’Afrique (Keffir), qui vit jusqu’à ce jour aux frontières désertiques de l’Egypte. Il convient de signaler que la date de la domestication du chat n’est pas encore précisément déterminée. Parmi les plus anciennes représentations artistiques du chat domestique figure celle de la tombe de Baket III (tombe n° 15) à Beni-Hassan (à 20 km au sud de Minya), datant de la XIe dynastie (2055−1985 av. J.-C.). De même, ils figurent sur les murs des chapelles des tombes des nobles thébains qui remontent aux XVIIIe et XIXe dynasties, où ils sont représentés comme le compagnon de prédilection de la famille, parfois paré de bijoux et, le plus souvent, assis sous le siège de sa maîtresse.
Momification des chats
Les anciens Egyptiens accordaient une attention particulière à la momification des animaux, des oiseaux et des reptiles, qu’ils considéraient comme l’incarnation de certaines anciennes divinités égyptiennes ; et ce dans le but de les présenter en offrande, y compris les momies de chats offerts à la déesse Bastet. Dans la ville de Bubastis, des chats momifiés et enterrés, que les pèlerins de par l’Egypte avaient offerts à la divinité, ont été retrouvés, outre nombre d’amulettes et de statuettes en bronze de la déesse. Vers la fin de la période dynastique et pendant l’époque gréco-romaine, les pèlerins et les fidèles ont déposé en ex-voto des milliers de statuettes en bronze et des dizaines de millions de chats momifiés pour obtenir la faveur de la déesse et voir leurs prières exaucées.
Plus intéressant encore est l’état de certaines momies animales (chats, chiens et faucons) qui ont été découvertes vides, ou ne contenant que quelques ossements, de l’argile ou de la résine. Cela est probablement dû à l’incapacité des prêtres à satisfaire la forte demande de ce genre d’offrandes.
Les études menées ont révélé que le processus de momification dans la ville de Bubastis était assez sommaire. Aucune preuve ne témoigne d’une éviscération, les corps semblent avoir été simplement desséchés. Comme dans le cas des momies humaines, il est difficile de détecter les viscères des momies de chats, surtout que les rayons X ne dévoilent que les squelettes. Ces momies ont souvent été malmenées par les voleurs d’antan. En outre, elles ont subi de sérieux dommages suite aux infiltrations des eaux, les réduisant en un amas d’ossements, telles certaines des momies découvertes dans la tombe de Maya à Saqqarah.
Il convient de mentionner que peu nombreuses sont les momies qui ont été soigneusement enroulées dans des bandelettes comme celles exposées dans certains musées. En outre, quelques momies ont été trouvées dans des sarcophages en pierre ou en bois, laissant supposer qu’elles étaient plus particulièrement associées au caractère divin de Bastet. Par conséquent, leur momification a été réalisée avec le plus grand soin, outre leur placement dans des sarcophages.
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Bibliographie
- Carol Andrews, Amulets in Ancient Egypt (London: British Museum Press, 1994).
- Patrick F. Houlihan, “Felines”, in The Oxford Encyclopedia of Ancient Egypt, edited by Donald B. Redford, vol. 1 (New York, NY: Oxford University Press, 2001).
- Salima Ikram, Beloved Beasts: Animal Mummies from Ancient Egypt, foreword by Zahi Hawas (Cairo: The American University in Cairo Press, 2006).
- Salima Ikram, ed., Divine Creatures: Animal Mummies in Ancient Egypt (Cairo: American University in Cairo Press, 2005).
- Pat Remler, Egyptian Mythology A to Z, 3rd ed. (New York, NY: Chelsea House, 2010).
- ياروسلاف تشرني، الديانة المصرية القديمة، ترجمة أحمد قدري (القاهرة: دار الشروق، 1996).