Présentation du departement
Le Musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina abrite une prestigieuse collection constituée de 183 pièces archéologiques découvertes sur l’île de Nelson, située à quatre kilomètres du cap d’Aboukir et dix-huit kilomètres du centre-ville d’Alexandrie. Conduits en 1998 par la mission italienne sous la direction de Paolo Gallo de l’Université de Turin, les travaux de fouilles ont permis de mettre au jour plus de 200 objets d’importance majeure ayant contribué en grande partie à la représentation du mode de vie et de la culture des anciens habitants de l’île, dont quelques-unes remontent à la XXVIe dynastie et à l’époque ptolémaïque ; cela sans compter les trouvailles, les inscriptions et les fosses d’enterrement datant de la présence britannique en Egypte à la suite de la bataille du Nil menée en 1798.
Aperçu historique
Vers la fin des dynasties de l’Egypte ancienne, allant de la XXVIe arrivant à la XXXe, l’île de Nelson servait de nécropole pour les habitants des deux grandes villes Canope et Héracleion loin de quelques kilomètres de l’île de Nelson, de nos jours submergées au fond de la baie d’Aboukir. A l’époque d’Alexandre le Grand, l’île de Nelson, qui ne mesure actuellement que 350 mètres de long, se trouvait à l’extrémité d’une longue pointe montagneuse rattachée à la terre par un isthme étroit. Les vestiges découverts sur l’île témoignent de son appartenance à un immense site archéologique à présent englouti.
A la fin du IVe siècle av. J.-C., les Grecs ont fondé un nouveau site colonial sur l’emplacement d’une ancienne nécropole ; ce qui allait contre la tradition grecque courante. L’importance stratégique du site justifie à merveille un tel choix pertinent. Au fait, l’extrémité supérieure de la pointe montagneuse était considérée comme la meilleure position de la baie en termes de contrôle de la navigation maritime à Héracleion, le plus grand port d’Egypte avant la fondation de la ville d’Alexandrie.
Le site colonial grec édifié sur l’île de Nelson a occupé une importance majeure sous le règne de Ptolémée Ier. Bien que son ancien nom demeure toujours inconnu, l’île a joui d’une attention particulière de la part de la dynastie ptolémaïque naissante portée à ce site et traduite par la construction de nombreux édifices de nature publique. Pour protéger le côté Est de la colonie, des murs en pierre de cinq mètres d’épaisseur ont été élevés, tandis que sur le côté Ouest, a été érigé un grand édifice d’ordre dorique, probablement un temple dont les colonnes étaient de sept à huit mètres de haut. Non loin de cet endroit, se trouvait une citerne géante de 26 mètres de long et de 13 mètres de large munie de quatre bassins pour conduire l’eau pouvant contenir 1 000 m3 ; ce qui fait d’elle l’une des plus grandes citernes remontant aux débuts de l’époque hellénistique destinée à récupérer l’eau de la pluie au pourtour méditerranéen.
Le quartier résidentiel abritait d’imposants édifices de style grec dont les murs se distinguaient par leurs motifs décoratifs. Les habitations, quant à elles, étaient munies de cuisines, de salles de bains et de chambres à coucher. Toutefois, les travaux de fouilles exécutés à la ville d’Alexandrie en général n’ont pas permis de mettre au jour des habitations au plan complet. C’est pourquoi celles de l’île de Nelson et leurs vestiges revêtent d’une importance archéologique unique en son genre.
Malgré tous ces investissements officiels, la présence grecque sur l’île de Nelson était très courte pour des raisons toujours inconnues. Ses habitants l’ont désertée à la fin du premier quart du IIIe siècle av. J.-C., abandonnant leurs habitations et de nombreux objets de la vie quotidienne que les archéologues ont découverts sur les lieux même de leur utilisation. Etant donné qu’aucune preuve évidente ne témoigne que l’île a été occupée ou faisait usage de nécropole vers la fin de l’époque ptolémaïque ni la fin de l’époque romaine, l’évolution géologique qui a transformé la pointe montagneuse en petite île au cours de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C. constitue vraisemblablement la raison de la désertion du site.
Au Ve siècle, l’île de Nelson faisait office de carrières où les ouvriers ont fondé une pauvre colonie qu’ils ont abandonnée vers la fin du VIIe siècle à l’instar des deux villes voisines Canope et Héracleion.
Au cours de la guerre franco-britannique pour dominer la Méditerranée, la baie d’Aboukir est devenue une cible fragile et l’île a joué un rôle stratégique important au cœur des événements en raison de son statut géographique. Suite à la bataille du Nil menée en 1798, la flotte britannique a occupé l’île d’Aboukir après lui avoir attribué le nom du célèbre Vice-amiral Horatio Nelson. En 1801, les forces britanniques du Général Abercrombie ont débarqué sur la baie d’Aboukir. Souffrant de leurs blessures de guerre, beaucoup d’officiers y ont trouvé la mort et ont été enterrés sur l’île de Nelson à la nécropole de la Guerre, champ d’opérations des fouilles archéologiques. En 2004, les cendres des officiers britanniques ont été transférées au cimetière militaire du Commonwealth sis au quartier Chatby à Alexandrie.
Bibliographie
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