Catégorie :
Masques, masques funéraires
Date :
Époque gréco-romaine, époque romaine, règne de Néron (54–68 apr. J.-C.)
Lieu de découverte :
inconnu (acheté par le Musée Gréco-romain en mars 1926)
Matière(s) :
Matière fabriquée, platre
Description
Masque en plâtre coloré d’une femme d’une vingtaine d’années. Les yeux sont incrustés de pierres sur lesquelles l’iris est peint en noir. Le regard dirigé vers le haut pour exprimer l’attente et l’observation. Les cheveux sont serrés en boucles entourant le visage, ce qui montre que ce masque date de l’époque de Néron.
Les masques en plâtre
L’historien grec Polybe (208–125 av. J.-C.) nous rapporte les différentes coutumes romaines qu’il apercevait lors de sa visite à Rome en 166 av. J.-C. et les croyances funéraires de l’aristocrate romain qui exerçaient une forte attraction sur lui. Selon Polybe, quand une célèbre figure romaine meurt, le défunt est transporté dans une grande cérémonie au forum, où il est placé sur le podium à la vue de tous. Alors que le peuple entoure le défunt, le fils ou un membre de la famille monte sur le podium pour prononcer un discours funèbre qui fait éloge du défunt. Ensuite, le défunt est enterré conformément aux coutumes funéraires suivies, et son image conservée dans un compartiment en bois fut placée dans un endroit visible à la maison. Cette image se constituait d’un masque de cire représentant minutieusement les traits du défunt, aux yeux incrustés et avec une perruque. Lors d’occasions spéciales, cette image était soigneusement accrochée et décorée ; et lorsqu’un autre membre illustre de la famille est mort, d’autres descendants de la famille qui lui ressemblent du point de vue corpulence revêtaient les masques funéraires et portaient des vêtements rappelant la carrière du défunt. Ils étaient tous conduits aux forum et précédés par les porte-drapeaux. Au terme du discours élégiaque, l’orateur devrait mentionner les ancêtres du défunt dont les images étaient exposées, commençant ainsi par le plus vieux. En ce faisant, les Romains tentaient d’évoquer continuellement la renommée et les vertus des hommes extraordinaires ; et ce en vue de commémorer ceux qui ont rendu de grands services à la patrie à travers les époques.
Il est donc évident que les masques funéraires ne surgissaient pas chez les Romains de l’idée d’unir le défunt avec la divinité dans l’au-delà, mais résultaient du besoin de perpétuer les vertus et la grandeur du mort au cours de sa vie. Lorsque les Romains s’installèrent en Egypte, les conceptions égyptiennes leur semblaient un peu ambiguës, cependant, elles eurent une influence sur eux de sorte qu’ils s’intéressaient également au corps ainsi qu’au portrait illustrant les traits de la personne. Ainsi, le portrait – que ce soit peint ou sous forme d’un masque – et la momie, aussi bien que le sarcophage devinrent un trio indispensable pour le culte des images. De même, la momie était exposée dans l’atrium des maisons romaines pour de longues durées après qu’elle se substitua à l’image. Après une longue période et en cas de l’amoncellement de momies dans l’atrium, les Romains eurent recours à enterrer ces défunts collectivement dans un seul puits.
Fabrication des masques funéraires romains
Les masques étaient coulés dans des moules et ensuite pressés par les doigts, d’où leurs empreintes qui se trouvaient à l’intérieur. Les autres petits détails étaient d’abord faits à la main et apposés sur la tête : le crâne, les oreilles, puis les yeux – s’ils n’étaient pas peints – et ensuite le masque était recouvert d’une fine couche de plâtre pour que les détails soient apparents. Par la suite, l’artiste commence à créer une coiffure à part avant de la fixer à la tête. S’il s’agissait d’ajouter une couronne, celle-ci était également fabriquée à part ainsi que la barbe.
Il a été constaté de l’étude des masques funéraires qu’ils représentent tous des personnes ayant au maximum 40 ans, ils n’étaient pas donc conçus après la mort de l’individu mais de son vivant. La preuve en est dans les traits sculptés sur le masque qui sont assez vivants et qui n’ont pas dépéri.
Une fois que le masque est réalisé, il est fixé sur la momie à travers des trous permettant de l’attacher au tissu enroulé autour de la momie. Les masques étaient de tailles différentes : certains couvraient uniquement le visage, alors que d’autres s’étendaient jusqu’au cou ou même à une partie de la poitrine. En outre, leurs formes et styles artistiques différaient selon les tendances de l’art qui prévalaient à la période de leur création. Ils étaient surtout influencés par le développement de l’art du portrait, qui est caractéristique de l’art romain.
Il convient de noter qu’outre l’influence de l’art du portrait romain qui est perceptible dans l’étude des masques funéraires, des caractéristiques empruntées à l’art égyptien s’y manifestent, et pourquoi pas ? Les Romains – précédés par les Grecs – s’inspiraient de l’art funéraire égyptien pour développer l’art de la fabrication des masques.
Les Romains, les Grecs ou les Egyptiens furent les premiers à créer les masques funéraires ? Cette question faisait l’objet d’un débat entre les érudits vu que les caractéristiques de ces masques ne suffisaient pas pour trancher la controverse. Toutefois, on pourrait dire que les masques représentent les élites de la société puisqu’elles seules étaient en mesure d’assumer les grandes dépenses de tels rituels funéraires. Un grand nombre de masques laissaient voir des signes de richesse tels que les bijoux, de manière exagérée dans quelques modèles, alors que d’autres étaient recouverts d’une couche d’or.
Il convient de signaler que la société romaine en Egypte était sous forme d’une hiérarchie, ayant les dirigeants romans et les hommes d’Etat au sommet, suivis par les hauts fonctionnaires. Beaucoup de Grecs et d’Egyptiens accédaient, par voie de promotion, à plusieurs postes d’Etat. D’ailleurs, quant aux prêtres, ils constituaient la classe privilégiée à laquelle étaient pratiqués des rites funéraires complets. Voici pourquoi les masques de momies des prêtres pouvaient être facilement distingués par les slogans ou les titres qu’ils portent.
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Bibliographie
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- عزيزة سعيد محمود، الأقنعة الجصية الملونة من مصر الرومانية، سلسلة الدراسات بالمتحف اليوناني الروماني (القاهرة: مطابع الهيئة المصرية العامة للكتاب، 1981): 12-22، 30.