Date :
Époque pharaonique, Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.)
Lieu de découverte :
Haute Egypte, Giza, Saqqara (découverte par V. Loret en 1898 )
Matière(s) :
- Matière organique, fibre (de plantes et animaux), roseaux
- Matière organique, bois
Hauteur :
0,8 cm;
Longueur :
27,5 cm;
largeur :
6,2 cm
Salle :
Antiquités égyptiennes, vitrine 2
Description
Porte-calame rectangulaire du type utilisé au cours de la période allant de la Ve dynastie jusqu’à la Basse Epoque. Doté de deux cavités peu profondes pour y mettre l’encre noire et rouge, dont les traces sont toujours visibles, il est creusé au centre d’une troisième cavité rectangulaire, munie d’un couvercle coulissant et comprenant des calames de 15 à 20 cm de long. Le porte-calame paraît usé à force d’avoir été employé.
L’alphabétisation
Le taux des anciens Egyptiens qui savaient lire et écrire est estimé à moins de 1 % de la population, question qui demeure toutefois discutable. On peut cependant imaginer des taux plus élevés et plus précis dans certaines régions et à certaines époques, comme au cas de Deir El-Médineh durant le Nouvel Empire où le taux d’alphabétisation a atteint entre 5 et 7 %.
Les scribes
Le métier de scribe jouait un rôle prépondérant dans le bon fonctionnement de l’Etat égyptien qui était fondé sur une administration efficace, réparti en divers secteurs, chacun recrutant des scribes. C’est pourquoi ce métier comptait parmi les métiers les plus importants recommandés aux jeunes.
Les scribes effectuaient des tâches allant de l’enregistrement des différentes phases des activités agricoles et pastorales jusqu’aux celles judiciaires ainsi que celles relatives aux rites funéraires réservés aux souverains et aux dignitaires.
La formation des scribes
Des preuves indirectes permettent de déduire que la prestigieuse caste de scribes tendait à transmettre le métier de père en fils, maintenant ainsi pouvoir et excellence au sein de la même famille pour une longue durée. Quant aux écoles, des preuves attestent de leur présence depuis le Moyen Empire. Une large partie de la formation se déroulait dans un lieu appelé maison de vie (per ânkh). Les enseignements de base comprenaient quelques notions géographiques, arithmétiques et géométriques.
De même, les langues étrangères étaient, de toute évidence, enseignées mais de manière marginale, comme en témoignent les textes bilingues retrouvés, notamment ceux qui datent du Nouvel Empire. Toutefois, les scribes devaient se familiariser avec les mots étrangers les plus courants et les noms des lieux étrangers les plus connus.
La plupart des scribes n’ont pas appris à lire les hiéroglyphes, l’écriture sacrée, dont l’usage se limitait aux murs des temples et des monuments votifs. Ils ont par contre appris l’écriture hiératique, simplifiée et cursive – et ultérieurement celle démotique – pour l’employer dans leurs tâches routinières.
La place des scribes dans la société
Les statues de scribe, largement répandues, qui représentent des scribes d’élites assis en tailleur constituent la meilleure preuve de la place qu’ils occupaient dans la société. Datant du Moyen Empire jusqu’à la Basse Epoque, elles ont été retrouvées dans des temples, mais aussi dans les tombeaux des personnes portant le titre de scribe. Cependant, la plupart des tombeaux qui abritaient ces statues appartenaient à des fonctionnaires qui n’avaient jamais exercé le métier de scribe. Leur présence attestait de l’alphabétisation du propriétaire du tombeau et reflétait l’importance de l’écriture dans l’au-delà.
Les outils des scribes
Dans un mortier à l’aide d’un broyeur, le scribe réduisait en poudre les pigments naturels, puis il les mélangeait à un liant, tel que la gomme d’acacia ou d’autres matières gluantes préparées à partir des déchets d’origine animale, pour former de petits pains de couleur qu’il plaçait par la suite dans les cavités du porte-calame. Le scribe commençait par couper en biseau une des deux extrémités de son calame et la fendait ensuite pour optimiser l’absorption des pigments. En écrivant, il trempait cette extrémité dans l’eau et la passait sur la couleur comme font les peintres aujourd’hui pour la gouache. Préparée à partir de la suie ou du charbon végétal ou animal, la couleur noire était la plus répandue. La couleur rouge, quant à elle, était à base d’ocre et utilisée pour les textes qu’il fallait souligner, tels que les titres et les dates.
A l’époque pharaonique, le scribe utilisait pour écrire l’une des espèces du Juncus maritimus, très répandue en Egypte. Les pinceaux utilisés pour les travaux moins précis étaient fabriqués de matières fibreuses telles que les feuilles de palmier et le bois fibreux.
Le scribe avait à sa disposition plusieurs types de supports d’écriture : tablette de bois, ostracon (tesson de poterie ou éclat de calcaire) et papyrus. Ce dernier constituait le support idéal au fil des époques. Les feuilles de papyrus – qui mesuraient entre 43 et 48 cm de long – pouvaient être découpées avec un coupoir en des feuilles plus petites et utilisées pour les textes courts, tels que les courriers et les comptes. De même, plusieurs feuilles de papyrus étaient assemblées pour créer un parchemin pour les textes longs, tels que ceux religieux, funéraires ou littéraires.
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Bibliographie
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