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Œuvres choisies

Neuvième heure

Neuvième heure
© Musée des Antiquités de la BA / M. Aly

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La vie dans l'au-delà

Papyrus portant les heures de 9 à 12 du Livre « Ce qu’il y a dans le monde souterrain » (Imy Dwat)

Catégorie :
Documents écrits, manuscrits, papyrus
Date :
Époque pharaonique, 3ème période intermédiaire, 21ème dynastie (1069-945 av. J.-C.)
Lieu de découverte :
Haute Egypte, Louqsor / Louxor (Thèbes), Rive Ouest, Deir El Bahari (Tombe des prêtres d’Amon [Tombe de Bab el-Gassawsa/el-Koussous/el-Gassous ; deuxième cachette de Deir el-Bahari])
Matière(s) :
Matière organique, fibre (de plantes et animaux), papyrus
Longueur :
480 cm;
largeur :
36 cm
Salle :
La vie dans l'au-delà


Description

Ce manuscrit, anonyme, comporte les quatre dernières heures (les heures de 9 à 12) du Livre «Imy Dwat» et une version complète de l'Abrégé. Pour être exposé, il a été coupé en deux : une moitié comporte la version du Grand Amdouat, et l'autre, l'Abrégé. Les deux moitiés ont été montées sur carton et encadrées. La moitié occupée par l’Amdouat est actuellement exposée au Musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, tandis que la seconde moitié reste au Musée égyptien du Caire à Tahrir, où les deux moitiés étaient initialement exposées.

Amdouat : Livre de la salle cachée

Am-Douat, en d’autres termes « Ce qu’il y a dans le monde souterrain » ou encore « Livre de la salle secrète », est le nom utilisé pour désigner une certaine forme des livres des anciens Egyptiens traitant de l’au-delà.
Ce livre est axé sur l’idée de la régénération du dieu Soleil qui s’étale sur douze sections, représentant chacune les heures qui s’étendent du coucher au lever du soleil. Pendant sa navigation dans le monde souterrain, le dieu Soleil subit un processus complexe de métamorphose physique et cognitive en vue d’affronter les maints obstacles et créatures démoniques qui tentent d’arrêter le bateau solaire.
Parmi l’ensemble des livres des anciens Egyptiens sur l’au-delà, Amdouat fournit la description la plus claire du voyage du dieu solaire pendant les douze heures de la nuit. Les neuvième, dixième, onzième et douzième heures seront précisément traitées en détail dans les lignes suivantes.

La 9e heure : L’équipage

Le dieu solaire et ses assistants sont représentés au moment de repos en paix. Les équipiers tiennent leurs rames, et les divinités qui accompagnent le dieu Soleil l’aident à avancer en toute sécurité vers le moment tant attendu de la naissance le matin.
Douze divinités apparaissent en bas sous la forme de serpents, vivant du sang des ennemis du dieu Soleil qui sont décapités jour après jour ; alors que dans les registres supérieur et inférieur, les dieux s’assoient sur les nouveaux vêtements qu’ils ont reçus du dieu « Rê ». 

La 10e heure : Protection du dieu solaire

Les scènes de la 10e heure commencent par l’apparition du scarabée « Coléoptère vivant » dans le registre supérieur ; celui-ci porte un certain ovale pointillé qui évoque la régénération, l’image de « Douat » (l’au-delà) et le processus du renouvellement de l’énergie solaire dans son intégralité. Huit déesses à tête de lionne, aspects de Sekhmet, et un babouin, qui est assis face à elle, guérissent l’œil de « Horus ». Cette scène incarne l’idée de la guérison de l’œil du dieu solaire en illustrant la reconstitution de l’œil gauche du dieu Soleil au-dessus d’un double serpent, en référence au mythe du dieu « Horus » ressuscitant le dieu « Osiris ».
Au registre médian, le bateau solaire et les assistants de « Rê » figurent dans deux scènes : la première représentant un faucon debout sur un serpent à deux êtes et quatre pattes, alors que l’autre dépeint un serpent à tête de faucon dans une barque. Il semble que le faucon et le serpent à tête de faucon symbolisent l’âme-ba d’« Osiris-Sokar ».
Ainsi, le registre médian finit par mettre en scène douze figures les gardiens de « Rê » ; ceux-ci sont divisés en trois groupes de quatre dieux, chacun étant pourvu – respectivement – de flèches, de lances et d’arcs.
Quant au registre inférieur de la 10e heure, celui-ci est envahi par les eaux éternelles « Noun », dans laquelle flottent les « noyés dans la douat ». La 10e heure se termine sur une note d’espoir ; quatre déesses avec des serpents à leur front répandent la lumière et se veulent source d’inspiration pour le dieu solaire et son entourage.

La 11e heure : Renouvellement du temps

Dans le registre supérieur se trouve le dieu nommé « Seigneur de Djet (Temps) » qui préside à cette heure de la nuit. Il a deux têtes encerclant un disque solaire, et porte dans ses mains des signes hiéroglyphiques de la vie et de la domination.
Comme indiqué dans le papyrus, le temps éternel dans l’Egypte ancienne avait deux attributs, à savoir : « Neheh » et « Djet ». Quant à « Neheh », il décrit la transformation éternelle et continue du fonctionnement cosmique, ainsi que le processus perpétuel de la mort et de la renaissance dans la nature ; alors que « Djet » (Temps) est le sujet de la 11e heure du voyage du soleil, et fait référence à la durée ou au continuum du temps qui reste et persiste.
Le registre médian de cette heure s’articule autour du renouvellement inévitable et incessant du temps. On y perçoit un énorme serpent enroulé sur les têtes de pas moins de douze dieux qui symbolisent la qualité divine du temps. « Osiris » attend « Rê » qui s’épuise au fil de la journée. Le soir, « Rê » retourne à « Osiris » en vieil homme ayant besoin de rajeunissement. L’union de « Rê » avec « Osiris » et le renouveau cosmique qui en résulte peuvent être assimilés et décrits comme renouvellement et continuité sans fin incarnés par « Osiris », bien que de son côté, « Rê », représente la discontinuité.
Le registre inférieur illustre les ennemis du dieu solaire en se livrant au destin fatal ; ils sont jetés dans six fosses enflammées.

La 12e heure : Dernière heure des ténèbres

Le nom de cette heure « Caverne de la fin des ténèbres profondes » annonce la fin du voyage nocturne. A cette heure, trois portraits de la création font un amalgame.  
Dans la première image, il s’agit de « Khépri », le scarabée, qui émerge spontanément de l’obscurité de l’au-delà et, à l’image du soleil du matin, inaugure une nouvelle ère. A la fin de la 12e heure, « Khépri » fait apparence et le dieu « Shou » l’accueille à bras ouverts afin de le soulever au-delà de l’horizon sous l’aspect du soleil d’un nouveau matin. La deuxième image dépeint deux des quatre couples de divinités du début de la création : « Noun » et « Nounet » qui représentent les eaux primordiales, et « Heh » et « Hehet », qui symbolisent l’espace éternel et l’infini.
Et dans la troisième image, « Nout », la déesse du ciel, place le disque solaire entre ses cuisses.
Les divinités dans les registres supérieurs et inférieurs sont en pleine jubilation. Elles lèvent les bras en adoration ; soit du dieu soleil et de sa nouvelle naissance le matin, soit d’ « Osiris » qui protègera les corps (momies) de tous les défunts lors du séjour quotidien de « Rê » à travers le ciel.
 

 


Ces informations sont sujettes à modification ou mise à jour en réponse aux exigences de la recherche continue.

Bibliographie
  • Abdel-Aziz Fahmy Sadek, Contribution à l'étude de l'Amdouat: les variantes tardives du Livre de l'Amdouat dans les papyrus du Musée du Caire, Orbis Biblicus et Orientalis 65 (Freiburg, Switzerland: Universitätsverlag; Gottingen, Germany: Vandenhoeck Ruprecht, 1985): 78-87, pl. 1-3 and top of 4.
  • Andrzej Niwinski, Studies on the Illustrated Theban Funerary Papyri of the 11th and 10th Centuries B.C., Orbis Biblicus et Orientalis 86 (Freiburg, Switzerland: Universitätsverlag; Gottingen, Germany: Vandenhoeck Ruprecht, 1989): 287, no. Cairo 97.
  • Andreas Schweizer, The Sungod's Journey Through the Netherworld: Reading the Ancient Egyptian Amduat, edited by David Lorton, foreword by Erik Hornung. Ithaca, NY: Cornell University Press, 2017.
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